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  • JJS
  • ''Distinguished Fellow'', Institute for Global Negotiation, Zurich University (2021-);
Administrateur/Board Member, ''Association des seniors de Dijon'' (2019-); 
Membre/Member, NTIA IANA Functions' Stewardship Transition Coordination Group (2014~2016); Membre/Member, NetMundial Initiative Coordination Council (déc. 2014~2016); ICANN/ALAC (2010~14); ICANN Board (2007-10); diplomat(e) (1971-2005); ambassadeur/dor (1995-2005). Gouvernance; défis globaux / Governance; global challenges.
  • ''Distinguished Fellow'', Institute for Global Negotiation, Zurich University (2021-); Administrateur/Board Member, ''Association des seniors de Dijon'' (2019-); Membre/Member, NTIA IANA Functions' Stewardship Transition Coordination Group (2014~2016); Membre/Member, NetMundial Initiative Coordination Council (déc. 2014~2016); ICANN/ALAC (2010~14); ICANN Board (2007-10); diplomat(e) (1971-2005); ambassadeur/dor (1995-2005). Gouvernance; défis globaux / Governance; global challenges.

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7 novembre 2007 3 07 /11 /novembre /2007 09:54

                                                                                                                         pour Danièle et Guy

Les mois qui ont précédé puis suivi l'élection présidentielle en France ont permis de découvrir les ressorts de la vie politique de mon pays, la diversité des styles de campagne, le caractère des candidat(e)s en vue. "Petit traité des émotions, sentiments et passions politiques" de Philippe Braud, publié récemment chez Armand Colin, donne au lecteur / électeur la possibilité de vérifier la validité des intuitions qu'il a pu avoir en écoutant telle personnalité politique battant l'estrade, ou en voyant le comportement de tel élu dans l'exercice des responsabilités.

Ce n'est pas sans appréhension que j'ai pris en main ce volume : un ouvrage sur les moeurs politiques se prête-t-il vraiment à un agencement alphabétique,
admiration, ambition, amertume, amours, et ainsi de suite jusqu'à vanité, vengeance, verbe (amour du -), victimaire (sentiment -) et violence ? La Bruyère n'a-t-il pas fait le tour de nos petits travers, dans ses "Caractères" ? En analysant les ressorts de la politique, peut-on faire autre chose que de gloser Machiavel ? Quelques citations de Nietzsche ou de Sénèque suffisent-elles à expliquer le déroulement de l'élection présidentielle française, ou pour anticiper le scrutin qui aura lieu aux Etats-Unis à la fin du mandat de George W. Bush ? Un tel livre peut-il nous éclairer sur la pratique politique en Chine, nous renseigner sur ce qui se passe au Vénézuela ou au Myanmar ?

La qualité première de ce livre est que, sous des dehors de compilation littéraire, en réalité il recèle une analyse fort pertinente. Philippe Braud, professeur des universités à Sciences-Po Paris, n'a pas cherché des exemples pour illustrer telle maxime de Chamfort ou tel trait de Hume, comme aurait sans doute cherché à le faire un professeur de littérature. Il a engagé la démarche inverse : dans tel cas concret, qui peut-on citer à l'appui d'un constat contemporain ? Ainsi, sous l'entrée ascendant, l'auteur nous propose cette réflexion sur la cohorte des conseillers, dont certains sont écoutés, mais dont très peu ont un véritable ascendant sur le prince : 
"
Autant les personnalités les plus faibles aiment s'en remettre durablement à quelques conseillers familiers (...), autant les personnalités plus fortes deviennent facilement ombrageuses quand elles ressentent leur dépendance (ou leur infériorité). La disgrâce a toujours guetté les favoris du Prince, au faîte de leur gloire. La reine Elizabeth d'Angleterre les faisait même exécuter, important en Europe les (mauvaises) manières des sultans ottomans à l'égard de leurs vizirs. Les pratiques démocratiques contemporaines sont plus pacifiques. Les conseillers de François Mitterrand, devenus encombrants, se voyaient en général offrir un placard doré dans un organisme public, voire une nouvelle carrière loin de la capitale : à Bruxelles, par exemple, pour Jean-Pierre Cot, à Londres, à la tête d'une grande Banque européenne, pour Jacques Attali" (pp. 36-37).

Le choix des citations est souvent très éclairant. Ainsi, au milieu de son entrée sur les
préjugés, l'auteur cite les "Pensées" de Lichtenberg : "Les préjugés sont, pour ainsi dire, la ruse instinctive des hommes ; ils résolvent à travers eux bien des choses qu'il leur aurait été difficile de résoudre par la réflexion, et tout cela sans effort". Revenant à la rubrique ascendant, on peut lire cette réflexion de Charles de Gaulle, dans Le fil de l'épée : "L'ascendant naît du contraste entre la puissance intérieure et la maîtrise de soi. (...) Il s'agit de répondre, en effet, au souhait obscur des hommes à qui l'infirmité de leurs organes fait désirer la perfection du but, qui, bornés dans leur nature, nourrissent des voeux infinis et, mesurant chacun sa petitesse, acceptent l'action collective pourvu qu'elle tende à quelque chose de grand. On ne s'impose pas sans presser ce ressort-là". Dans toute son action politique, Charles de Gaulle n'a cessé, en effet, de "presser ce ressort-là"...

La question se pose : l'analyse des ressorts de la politique, proposée par Philippe Bruad, ne peut-elle s'appliquer qu'à la France et, le cas échéant, à l'Europe occidentale naguère rassemblée par Charlemagne ? Prenons, par exemple, la rubrique
idéologue :
"Les idéologues sont soumis aux vents de la conjoncture politique et aux cycles historiques. Les partis de gouvernement, usés par de trop longues années au pouvoir, à court d'idées mais non de querelles internes, embarrassés par des affaires de corruption, ne peuvent se refaire une virginité politique, après un désastre électoral, sans le secours d'idéologues ou d'intellectuels organisés en think tanks. Ce furent, par exemple, les marxistes du PS à la fin des années soixante-cis, la droite chrétienne aux Etats-Unis dans les années quatre-vingt-dix, les néolibéraux du Labour en Grande-Bretagne à la même époque...".
C'est précisément là que l'on constate la limite géographique de l'ouvrage de Philippe Braud : s'il met en relief des situations précises de la vie politique française, en revanche les exemples non-français restent, pour la plupart, allusifs. Ainsi, on aurait pu s'attendre à ce que l'auteur traite de manière plus approfondie le cas américain, sous l'entrée radicales (opinions), où il se contente de cette mention : "Ce processus, commun à toutes les révolutions, se manifeste aussi dans les pays en guerre lorsque les opérations militaires qui promettaient d'être "courtes, fraîches et joyeuses" s'enlisent dans un bain de sang. En France avec la guerre d'Algérie, aux Etats-Unis avec la guerre du Vietnam puil l'invasion de l'Irak, des vois puissantes se sont élevées pour préconiser des mesures toujours plus énergiques contre les "défaitistes" de l'intérieur, pour élargir le conflit aux pays qui soutiennent l'adversaire, pour employer des armes nouvelles plus destructrices. Les faucons, portés un temps par le souci d'éviter à tout prix l'humiliation et la défaite, cèdent toujours trop tard devant les nécessités du compromis"...

En conclusion, cet ouvrage révèle une approche honnête : son auteur ne prétend pas écrire une histoire des mouvements politiques, ni un traité d'analyse politique, mais il nous propose bien une réflexion sur les "émotions, sentiments et passions politiques". Documenté, bien écrit, il plaira assurément. 

Philippe Braud, "Petit traité des émotions, sentiments et passions politiques", chez Armand Colin, Paris 2007, 366 p.

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3 novembre 2007 6 03 /11 /novembre /2007 17:00

20071102-004.jpgVint Cerf (seated) with members of the Board of ICANN, Los Angeles, 2 November 2007. (Photo taken with an E90 from Nokia, but it's really not their fault).
Vint Cerf (assis), entouré de membres du Directoire de ICANN, Los Angeles, 2 novembre 2007 (photo prise avec un E90 de Nokia, mais ce n'est pas de leur faute).


A combination rare
Lines for Vint Cerf on his leaving ICANN

Mathematical combinations allow 
intensity of individuals in reverse proportion to their numbers
Laws of gravity 
would have us cling to the floor
with ponderous convictions
Psychology predicts
that extroverts, like old photographs
wane with exposure, even to their own brightness
The growing cohort of Internet man mesmerized by 
the screen, parietal art of our modern caverns,
Seeks distant links, missing closer ones

Yet this man defies
these laws. His gravitas is 
experience assumed
His knowlegde more the magnetic lode in the migrant bird than
weighty epitaphs that some, yet alive, lug behind
He listens also with his eyes
thus siezing intent more than declaration
His sharp mind can be impatient with
belaboured reasoning but
His benevolence counsels him to skirt irony
and he offers instead
the discoverer's vitality

A combination rare

                                      
                                                                             JJS, from LAX to LUX, 3.11.2007

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31 octobre 2007 3 31 /10 /octobre /2007 08:26

"Cerf's up..." proclaims the billboard at Loews, in the sprawling Sony Studios.
Le cinéma Loews, dans le vaste complexe des Studios Sony, met Cerf à l'affiche.


Los Angeles, 30 October 2007. Last night at Sony Studios, members of the internet community had the privilege of attending the first public presentation of "The Wizard of The Web". A stage had been set up outdoors, against the backdrop of characteristic architecture of the former MGM Studios with their hadsome Art Déco motifs. Tables had been placed in the adjacent square and street in order to accomodate the guests of ICANN. Several bars and buffets were situated at nodal points of maximum flow. For a visitor from the other side of the Atlantic, the balmy air was a pleasant relief from the refrigerated premises of the hotel in which the annual meeting has been taking place. In another street, Loews movie theatre provided a clue to the special evening: "Cerf's Up Strategic Plan 9 From Outer Space", said the brightly-lit billboard. A crowd was lined up in another street, so I went to see what was up: a barman was shaking drinks till they could be served, silk with a subtle burn.

Los Angeles, 30 octobre 2007. Hier soir, aux Studios Sony, la communauté internet a eu le privilège d'être conviée à la première du film "Le magicien de la Toile". Des tréteaux avaient été dressés en plein air, avec en toile de fond l'architecture caractéristique des anciens studios MGM, ornés de beaux motifs Art Déco. On avait dressé des tables sur la place et dans une rue voisines, pour assurer l'accueil des invités d'ICANN. Des bars et des buffets avaient été placés aux points stratégiques, là où la fréquentation devait être la plus forte. Pour un visiteur venu de l'autre rive de l'Atlantique, l'air du soir offrait une alternative bien agréable à la climatisation forcenée de l'hôtel où se déroulait l'assemblée générale annuelle de l'ICANN. Dans une autre rue, le cinéma Loews laissait deviner le motif de cette soirée spéciale : "Cerf à l'affiche, Plan stratégique numéro 9 en provenance des espaces intersidéraux", pouvait-on lire sur l'affiche lumineuse. Constatant qu'une foule se pressait dans une rue adjacente, je suis allé voir ce qui s'y passait : un barman secouait des cocktails jusqu'à les rendre soyeux, comme de subtiles brûlures.


31102007416.jpg
Vint Cerf, the celebrated actor and star of "The Wizard of The Web", and admirers.
Vint Cerf, le célèbre artiste, vedette du film "Le magicien de la Toile", devant ses admirateurs.


"The Wizard of The Web" is unique in recent film history in that last night's buffet and drinks probably cost more than producing the film itself. It's one of those cases where the director has made extensive use of footage from the archives, as well as recent interviews. Among these, the most noteworthy were from Viviane Reding, with her full-bodied charm; Al Gore, with the unflappable eyelids of someone who has seen it all; and an Egyptian cabinet minister speaking from Cairo, visibly a fan of the lead actor. Among the cast who appeared on stage last night, Paul Twomey spun a yarn with his usual ease, mingling personal testimony with philosophical strains. Steve Crocker drew nourished applause from the crowd, because of his sincerity and enthusiasm, but also his type of humour which is neither fatigué nor elaborate, just refreshing. Ira Magaziner, silver hair and quiet distinction to match, reminisced about his years in a Washington theatre which has been under new management for some years now, but which at the time was known as The Clinton.

"Le magicien de la Toile" est unique dans l'histoire récente du cinéma car les buffets et les boissons d'hier soir ont probablement coûté plus cher que la production du film lui-même. Il s'agit d'une de ces oeuvres où le metteur en scène a fait largement appel à des documents d'archives ainsi qu'à des interviews récents. Parmi ces derniers, on peut mentionner Viviane Reding, avec son charme épanoui ; Al Gore, avec les paupières immobiles de celui qui en a vu d'autres ; un ministre égyptien intervenant depuis Le Caire, visiblement un admirateur de l'artiste tenant le premier rôle. Parmi les autres acteurs qui sont montés sur scène hier soir, notons Paul Twomey qui nous a offert, avec son aisance habituelle, une intervention où se mêlaient les témoignages personnels et les réflexions philosophiques. Steve Crocker, dont la sincérité et l'enthousiasme étaient évidents, a été applaudi, et son humour s'est révélé ni fatigué ni complexe, mais simple et direct. Ira Magaziner, chevelure argentée et allure distinguée, nous a livré ses souvenirs d'acteur durant les années passées à Washington dans un théâtre dont la gérant a changé il y a déjà quelques années, et qui à l'époque s'appelait Le Clinton.

The value of last night's show was not so much in the synopsis (although the storyline was quite thorough), but rather in the transformation of the lead actor. Whereas his friends and associates have known him for a long time as a scientist, as a man of vision, as a doer and shaker, this reviewer was moved, when Vint Cerf was called onto the stage last night: his entire appearance was devoted to recognizing what others had accomplished, and what others had done for him. The actor's legendary wry humour was humbled by emotion, as he saw in the audience in front of him all those familiar faces, no doubt reflecting on the history made, and satisfied that the next generation is already sturdily in place.

L'intérêt du spectacle d'hier soir tenait d'ailleurs moins au livret (encore que le récit ait été assez complet) qu'à l'évolution de l'artiste principal. Tandis que ses amis et collègues ont reconnu en lui avant tout un homme de science, un visionnaire, un homme d'action et d'influence, en réalité j'ai été plus touché par le fait que Vint Cerf, une fois sur scène, ait choisi de rendre hommage à ce que d'autres que lui ont accompli, et à ce que d'autres lui ont apporté. L'humour acérée de l'artiste s'est trouvée mise en sourdine par l'émotion, lorsqu'il a porté son regard sur l'auditoire devant lui, les visages connus, sur l'histoire accomplie, apaisé par la certitude que la génération suivante est déjà solidement en place.

This chronicle would be incomplete without a brief note on current trends in the entertainment industry. It is clear that Vint Cerf is quite impervious to the dictates of passing fashion, and that the way he dresses is a statement, on stage and off. Chances are that, on the strength of Vint Cerf's performance in "The Wizard of The Web", the three-piece suit will soon be back in fashion.

Cette chronique serait incomplète sans une brève notation sur les tendances qui se font jour dans le monde du spectacle. Il est évident que Vint Cerf n'est guère accessible aux modes passagères, et il est clair que sa façon de s'habiller constitue une déclaration, sur scène comme à la ville. Au vu de la prestation de Vint Cerf dans "Le magicien de la Toile", il paraît clair que le costume trois-pièces ne tardera pas à s'imposer à nouveau. 


31102007395.jpg
ICANN Board Members Peter Dengate Trush, Dennis Jennings, Roberto Gaetano, Njeri Rionge.
Quelques membres du Directoire de l'ICANN : Peter Dengate Trush, Dennis Jennings, Roberto Gaetano, Njeri Rionge.


31102007396.jpg A view of the stage set, from an ICANN table.
Vue sur les décors de scène, vus d'une table ICANN.



31102007399.jpg Vint Cerf (front) with Mrs. and Mr. Twomey, the parents of Paul Twomey, CEO & President of ICANN.
Vint Cerf (au premier plan) en compagnie de Mme & M. Twomey, les parents de Paul Twomey, PDG de ICANN.

 
31102007400.jpg
Steve Crocker, one of the most complete performers of the Internet repertoire, appearing to general applause.

Steve Crocker, l'un des artistes les plus complets du répertoire Internet, a été applaudi par l'auditoire.

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28 octobre 2007 7 28 /10 /octobre /2007 16:35



20071026-007-incendies-California-copie-1.jpg

26 October 2007. Approaching Los Angeles airport from the Nevada desert, ca. 9000 meters: plumes (centre of photo) and dispersed smoke (right) from the wild fires (photo by JJS, with Nokia E90 'phone)
26 octobre 2007. A l'approche de l'aéroport de Los Angeles, après le survol du Nevada, altitude environ 9000 mètres : colonnes de fumée (centre de la photo) et fumée dispersée (droite) provenant des incendies (photo par JJS avec un Nokia E90)


The scope of the wild fires in California was visible from the sky, as I flew in on Friday afternoon to attend an ICANN meeting in Los Angeles. Television news footage shows the loss of property at close quarters, as well as the huge task with which firefighters are faced. But in the height of action, be it of home owners fleeing for safety, or teams trying to put out the flames, the wider picture is sometimes lost. Seen from the sky, the magnitude of the area affected by these wild fires suddenly becomes evident, not only some plumes from ongoing fires, but even more impressive was the extent of the blanket of smoke. My thoughts go to friends and colleagues who live in the area. If you wish to leave a comment, please click below on "ajouter un commentaire". Or back to Serenidee homepage.

L'ampleur des incendies en Californie pouvait se deviner depuis le ciel, lorsque je suis arrivé vendredi après-midi pour participer à une réunion de ICANN à Los Angeles. Les actualités télévisées donnent à voir, de façon saisissante, à quel point les flammes ont ravagé certaines propriétés, de même qu'elles mettent en évidence l'énorme défi que doivent relever les pompiers. Mais ces images dramatiques de gens fuyant leurs maisons, d'équipes tentant de maîtriser les flammes, empêchent parfois une vision plus large du phénomène. Du ciel, soudain l'étendue de la zone affectée par ces incendies devient claire, non seulement en raison des colonnes de fumée provenant des incendies en cours, mais plus encore de la couverture de fumée. J'adresse mes pensées aux amis et collègues domiciliés dans la région. Si vous souhaitez donner votre avis, cliquez ci-après sur "ajouter un commentaire". Ou retour à la page d'accueil de Serenidee.

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30 septembre 2007 7 30 /09 /septembre /2007 17:19

"L'Union européenne dans son voisinage" est le sujet que j'ai choisi de traiter au cours d'un colloque organisé au Luxembourg (21-22 septembre 2007) par l'Institut Pierre Werner, le Centre culturel italien (Istituto Italiano di Cultura), et l'Institut international Jacques Maritain de Rome.

"La Voix", quotidien francophone de Luxembourg, en a rendu compte dans son édition du 28 septembre 2007, page 2.

Pour lire mon intervention, veuillez cliquer ici.


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"The European Union in its neighbourhood" is the subject I took up at a conference held in Luxembourg (21-22 September 2007) by Institut Pierre Werner, the Italian Cultural Centre (Istituto Italiano di Cultura) and the Institut international Jacques Maritain in Rome. 

"La Voix", the French-language daily in Luxembourg, carried a report on this conference in its edition dated 28 September 2007, page 2. 

To view my presentation, please click here.


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5 septembre 2007 3 05 /09 /septembre /2007 09:36
Luxembourg, 5 septembre. Fenêtre perlée. La cheminée du voisin. Belle matinée d'automne.
Photo par JJS (copyright) : Nokia E90 (3,2 M pixels), lumière naturelle.

Luxemburg, 5th of September. Window with pearls. The neighbour's chimney. Beautiful Autumn morning.
Photo by JJS (copyright): Nokia E90 (3.2 M pixels), natural daylight.

 20070905-matin-d-automne-002.jpg
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4 septembre 2007 2 04 /09 /septembre /2007 09:15

  The English version of this article is located after the French original: please scroll down to read.


L'invité : Pierre de l'Oratoire


A la suite de mon article sur "Chongqing, ville mondiale ?", j'ai reçu une intéressante contribution au débat sur la rapide urbanisation du monde. J'ai plaisir à accueillir ici cette réflexion de "Pierre de l'Oratoire", pseudonyme d'un ami économiste, en espérant qu'elle suscitera à son tour d'autres commentaires.

" Les informations que vous donnez sur Chongqing sont vraiment impressionnantes !
Et quels défis dans un laps de temps si court ! Aujourd'hui, l'évolution du monde impose à ces villes / agglomérations / régions d'accomplir
en une ou deux décennies ce qui a pris un ou deux siècles en Occident ! Qu'on en juge en comparant vos chiffres à ceux, par exemple, de l'évolution de l'agglomération parisienne : au recensement de 1801, Paris compte 546.000 habitants; vers 1835, l'agglomération compte un million d'habitants ; deux millions vers 1860 ; quatre vers 1905 ; cinq vers 1920 ; six à la veille de la seconde guerre mondiale; neuf vers 1980 ; et onze en 2000. Ainsi, "tranquillement", Paris a pu ouvrir sa première gare (Saint Lazare) en 1837 ; sa première ligne de métro en 1900 ; son boulevard périphérique vers 1960... Et on pourrait de même parler de la voirie et du nombre de voitures, des égouts, des écoles,  des équipements de santé...

Trois grandes questions se posent alors, d'ordre politique, d'ordre économique, d'ordre psycho-sociologique :
- Quel(s) pouvoir(s) politique(s) sera/seront assez fort(s), visionnaire(s), planificateur(s), non corrompu(s)... pour conduire, à tous le moins accompagner le moins mal possible, ces évolutions ?
- D'où va venir le capital requis pour les indispensables infrastructures ?
- Quels impacts psycho-sociologiques sur des habitants de plus en plus déracinés ?


Sur le plan politique, je ne résiste pas au plaisir de citer Jean-Claude Guillebaud, parlant du philosophe allemande Hans Jonas (auteur du livre désormais célèbre intitulé "Le Principe responsabilité") :
"... Hans Jonas, dans ce livre comme dans ses innombrables interventions ultérieures, ne se contente pas d'évoquer les possibles catastrophes écologiques, climatiques ou stratosphériques imaginables dans un proche avenir, il s'en prend avec force au "vide éthique" et à l'insouciance infantile qui prévalent chez nous face à des enjeux aussi décisifs. Il remet finalement en question le principe démocratique lui-même, cette irresponsabilité structurelle produite par l'alliance d'une opinion versatile avec les logiques aveugles du marché. A ses yeux, la démocratie n'est pas armée pour répondre à de telles menaces. Invoquant l'urgence, il propose de s'en remettre à des formes plus autoritaires de pouvoir qu'il appelle un "tyrannie bienveillante". Il suggère de substituer cette dernière à l'appétit insatiable des foules hédonistes et consuméristes qui ne prennent en compte que le court terme..." (J-C Guillebaud, La force de conviction, Essais Points, p. 85).

Prenons donc rendez-vous pour 2020, comme vous nous y invitez, et regardons alors Chongqing et Sao Paulo, Mexico, Lagos, Le Caire, Mumbai... Qu'aura accompli une démocratie (ultra) libérale, prisonnière de son idéologie du "moins d'Etat" ? Une démocratie avec un gouvernement "de gauche" aura-t-elle eu une force politique suffisante, et sur la durée ? Quid d'un régime "personnel et musclé" ? Peut-être le régime chinois aura-t-il été mieux armé, selon les critères de Hans Jonas, pour relever avec succès ces défis ?
Et derrière ces questions, d'autres au moins aussi importantes: quels choix politiques de développement ? la juxtaposition de ghettos pour surper-riches, et une jungle urbaine pour les autres ? ou bien un développement plus harmonieux, plus équilibré, plus équitable ? La Chine avec cette augmentation rapide des inégalités sous l'effet du rattrapage économique à marche forcée, ne porte-elle pas les germes de graves problèmes que la rapidité d'une urbanisation insuffisamment "bien" conduite ne fera qu'amplifier et exacerber, avec des risques d'explosions locales, bien plus fortes que celles déjà enregistrées ?


Sur le plan économique, on comprend le défi que représente la formation de capital fixe à de tels niveaux, en si peu de temps, pour mener à bien les indispensables infrastructures. Le taux d'épargne des ménages, très élevé en Chine pour de multiples raisons, peut représenter un atout indéniable par rapport à beaucoup de pays en développement. La Banque Mondiale, les pays occidentaux via une aide dirigée, sauront-ils jouer leur rôle dans le financement (selon des modalités enfin intelligentes !) de toutes les infrastructures requises ? Quelle part sera dévolue -pour des raisons idéologiques- au secteur privé ?  On a déjà pu constater les problèmes posés par une privatisation trop rapide, mal conduite, mal encadrée contractuellement, des secteurs de l'approvisionnement en eau de plusieurs grandes villes du tiers monde...


Sur le plan psycho-sociologique, on sait que la croissance de l'agglomération parisienne, par exemple, s'est nourrie du double phénomène de l'exode rural et de l'industrialisation (première révolution industrielle - avec la misère et le contexte si bien décrits par les grands auteurs classiques français comme Zola, Hugo, Balzac...). Mais, comme on l'a vu, ceci s'est fait (i) sur une longue période, et (ii) dans un contexte de familles nombreuses. C'est dire que (presque) chaque Parisien gardait de fortes attaches (ô combien rassurantes; y compris pour l'approvisionnement vivrier) avec de la famille en province! On a ainsi pu dire que Paris était la plus grande ville auvergnate de France, la plus grande ville bretonne, etc....

 

Citons Boris Cyrulnik, psychiatre de renom, désormais membre de la toute nouvelle Commisison Attali, dans un entretien à Libération (30 août 2007):
"... On sait qu'entre 2015 et 2020, 80% de la population mondiale vivra dans des zones urbaines. On ne mesure pas à quel point cela bouleverse notre rapport à la vie, à la confiance. Parce que cette tendance va contribuer à exacerber une reproduction des structures chères à Bourdieu. Comme l'école, la ville, selon l'endroit où vous habitez, est une facteur de désintégration ou de reproduction des élites. Le développement des périphéries entraîne des processus de socialisation archaïque; de rapport dominant-dominé, de loi du plus fort. Plus l'urbanisation se fait vite, plus les familles explosent..."

Est-ce qu'en Chine, la survivance, voire la renaissance du culte des ancêtres pourra partiellement pallier les dégats psycho-sociologiques d'une telle urbanisation "aliénante" ?

En tout cas, merci pour vos impressions de Chongqing, et plus généralement de votre blog dont la qualité d'écriture à elle seule constitue un plaisir rare.

                                                                                                                     Pierre de l'Oratoire "

Si vous souhaitez donner votre avis, cliquez sur "ajouter un commentaire", ci-dessous après la traduction en anglais du présent texte.
Ou retour à la page d'accueil de Serenidee.

                                               
                                                   Guest author: Pierre de l'Oratoire



After my article "Chongqing, world city?" appeared on this blog, I received an interesting contribution to the debate on the rapid rate of urban growth in the world. It's a pleasure to welcome, as guest author, "Pierre de l'Oratoire" (pseudonym of a friend who is an economist), and I hope this will lead to further comments. This article was translated from the French original by JJS.

" The information you provide on Chongqing is truly impressive!
 And what immense challenges have to be met in such a short time!  Today, global trends are forcing such cities / conurbations / regions to accomplish, in only one or two decades, major changes which happened in the course of one or two centuries in the West! 
This becomes quite clear when I compare, for instance, the figures you provided with those available for the growth of Paris and its area: according to the population census in 1801, Paris had 546,000 inhabitants; around 1835, the conurbation had a population of one million; two million around 1860; four around 1905; five around 1920; six on the eve of the First World War; nine towards 1980; and eleven in 2000. As you can see, Paris, without being rushed, was thus able to open its first railway station (Saint Lazare) in 1837, its first underground "métro" line in 1900, its ring road ("boulevard périphérique") around 1960... In the same way, one could mention the gradual rise in numbers of roads and streets, cars, sewerage facilities, schools, public health amenities...

These developments beckon three important questions, respectively political,  economic, and psychological / societal:
- What political power(s) is/are/will be/ sufficiently assertive, visionary, capable of planning, non corrupt, to conduct -or at least to assist in an acceptable way- such major evolutions?
- Where will we find the capital required for the indispensable infrastructures ?
- What will be the psychological and societal impact on city-dwellers, ever more uprooted?


At a political level, I cannot resist the pleasure of quoting Jean-Claude Guillebaud about Hans Jonas (German philosopher, author of the now famous book "The Principle of Responsibility"):
"... In this book as in many of his later statements, Hans Jonas not only conjures up ecological, climate or stratosperic upheavals which may occur in the near future, but he also forcefully condemns the "ethical vacuum" and the infantile lack of concern which is so prevalent when we are faced with challenges of such a magnitude. He goes so far as to question the very principle of democracy, that structural lack of responsibility which is born of the alliance between a versatile public opinion and blind market forces. In his view, democracy is ill equipped to face such threats. Under the dire pressure of urgency, he suggests we surrender to a more authoritarian form of power, which he calls a "benevolent tyranny". He suggests setting up such a system to replace the insatiable appetite of the hedonistic and consumer masses who hold nothing but a short-term view...". (J.-C. Guillebaud, "La force de conviction", Essais Points, p. 85).

Indeed, I take up your suggestion that we re-visit this subject in 2020, to look at Chongqing and Sao Paulo, Mexico, Lagos, Cairo, Mumbai... By then, what will have been accomplished by (ultra-) liberal democracy, ensnared in its ideology of "less State"? Will democracy, under a left-leaning government, be strong enough, and have sufficient sustainability? And what will come out of "personal and muscular" leadership? Perhaps the Chinese régime will turn out to have been better prepared (if you adopt the crieteria set out by Hans Jonas) to successfully meet these challenges? And behing these questions, there are some others, no less important. What development policies shall we choose: a juxtaposition of ghettos for the ultra-rich, and an urban jungle for the others? Or a more harmonious type of development, balanced and equitable? In China, where increasing inequality has risen from an extremely fast process of "catching up", is there the danger that already serious problems might be compounded by a pattern of urban growth conducted at full speed, without sufficient care, which in turn could lead locally to explosions far greater than those already seen?

From the point of view of economics, one can understand that asset formation at such levels in such a short period, as required to set up massive infrastructure, can be a tremendous challenge. The savings rate of individuals, very high in China for various reasons, can be a clear advantage compared with many developing countries. Will the World Bank, will Western countries through their official development aid, be capable of playing their part in financing (hopefully, this time in an intelligent way!) all the required infrastructures? What share will the private sector be given in this, for ideological reasons? One has already seen many problems arising from hasty privatisation of water utilities in several large cities in the developing world, in projects which were poorly managed, with insufficient contract guarantees...

As for the psychological and societal aspects, we know for example that the growth of Paris happened as a result both of rural exodus and the expansion of industry (the first industrial revolution, with its misery and social context so well described by the classic French authors such as Zola, Hugo, Balzac...). But, as we have just seen, this came about (i) over a long period, and (ii) in the context of large families. In fact, (almost) every Parisian had strong family links elsewhere in France (very reassuring links, including for access to food supplies!). It has also been said that Paris had the largest population from Auvergne (a region in the centre of France), or was the largest breton city, etc...

Let me quote
Boris Cyrulnik, the renowned psychiatrist, now a member of the newly-established Attali Committee (chaired by Jacques Attali, an economist who was adviser to President Mitterrand and later became the first CEO of the European Bank for Reconstruction and Development), in an interview with Libération, the French daily (30 August 2007):
"... We know that somewhere between 2015 and 2020, 80% of the world's population will live in urban areas. We have no idea to what extent this will modify the way we live, or the notion of trust. Because this trend will exacerbate the "reproduction of structures" so well described by Bourdieu (the late French philosopher). As is the case with schools, cities -depending on where you live- are a factor of disintegration or of reproduction of elites. The growth of peripheral urban areas brings about archaic processes of socialisation, patterns of domination / being dominated, the law of the jungle. The more urban growth happens fast, the more families explose...".

In China, will the survival -or the renaissance- or ancestors' cult be able to compensate, at least in part, for the psychological and societal damage of such an "alienating" pattern of development?

Be that as it may, thank you for sharing your impressions of Chongqing, and more widely thank you for your blog Serenidee, which is a rare pleasure to read.
                                                                                                                           Pierre de l'Oratoire "

If you wish to give your opinion, please click below on "ajouter un commentaire". Or return to Serenidee homepage.

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31 août 2007 5 31 /08 /août /2007 08:07

Comme vous pouvez le constater, "Serenidee" a maintenant un nouvel aspect. En effet, l'hébergeur Over-blog.com m'ayant proposé d'adopter la version 2 d'administration, je me suis livré à quelques essais en jouant surtout sur les possibilités de mise en page, et sur le schéma de couleurs. Finalement j'ai choisi cette maquette, qui présente l'avantage d'une très bonne lisibilité de tous les éléments du blog : une large place est réservée aux articles, les photos sont mieux mises en valeur, les colonnes de référence sont discrètes mais demeurent facilement utilisables (liens vers des journaux, des chaînes de télévision, d'autres blogs ; calendrier ; liste des précédents articles...). 

Je serais heureux de connaître votre avis sur ces choix. Si vous avez des suggestions, veuillez cliquer ci-dessous (après la traduction en anglais), sur "ajouter un commentaire".
Ou retour à la page d'accueil de Serenidee.


As you can see, "Serenidee" now has a new look. When Over-blog.com, the host of my blog, suggested I adopt version 2 of its blog management tool, I tried out several possibilities, especially regarding layout and colour schemes. Finally, I chose this presentation, which has the advantage of ensuring high legibility for all the elements of the blog: a wide space for the articles, more visible photos, and the reference colums, though discreet, remain easy to use (links to media, television, other blogs; calender; list of previous articles...).

I would be glad to read your views on these choices. If you have any suggestions, please click below on "ajouter un commentaire". Or return to Serenidee homepage.

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22 août 2007 3 22 /08 /août /2007 18:34

Aux lecteurs de ce blog, je présente mes excuses pour l'absence de mise à jour depuis deux mois.
To the readers of this blog, I offer my apologies for having failed to update it over the past two months.

-:-:-:-:-:-

  
20070815-006-copie-1.jpg

Chongqing, sur les bords de la rivière Jialing. Derrière l'homme tenant un chien blanc, on remarque une sculpture érigée en souvenir des maisons en bois qui, construites dans ce quartier escarpé du centre ville, lui donnaient son cachet particulier. (Photo : JJS).
Chongqing, on the banks of Jialing river. Behind the man holding a white dog, one can see a sculpture commemorating the wooden houses which, built in this steep area of the city, used to give it such a special atmosphere. (Photo: JJS).

  
Chongqing, une ville mondiale ?

Chongqing, a world city?
(to read the English version, please scroll down)


Reprenons quelques réflexions sur les enjeux globaux
. Dans un
précédent article, j'ai noté à quel point l'urbanisation constitue l'un des phénomènes majeurs de notre temps. Je suis parti de l'exemple de Shanghai, mais le même constat peut être fait ailleurs, nonobstant des variations locales : au Caire comme à Mexico, à Guangdong comme à Kalkota, la densification de l'habitat se traduit la plupart du temps par une perte de qualité de la vie urbaine, par l'accroissement des nuisances, par une atteinte à l'environnement, tandis que les municipalités peinent à mettre en place des infrastructures et à assurer des services à la mesure des bouleversements rapides qu'elles subissent. Parmi les grandes villes actuelles, je me suis demandé lesquelles présentaient l'ensemble des caractéristiques de la grande mutation qui façonnera, vaille que vaille, le cadre de vie de nos enfants et petits enfants. Quels critères retenir : la taille démographique, la complexité administrative, la qualité ou au contraire le caractère précaire des infrastructures, l'existence ou l'absence de plan de développement à long terme ?

Chongqing (Tchong-king dans l'orthographe francisée, Chungking dans la transcription Wade-Giles) est l'une de ces grandes villes où l'on discerne déjà la plupart des enjeux du 21ème siècle. Plus qu'une ville, c'est une conurbation qui, sans cesse confrontée à la densification et à l'extension de ses zones bâties, a été contrainte à plusieurs reprises d'adapter son statut administratif au caractère impérieux de ses métamorphoses.

Il serait vain de vouloir résumer en quelques lignes une histoire urbaine de plus de deux mille ans. A l'endroit où la rivière Jialing se jette dans le Yangzi, quatrième plus grand fleuve du monde, pottiers et marchands, fermiers et bâteliers s'établirent. Dans la banlieue actuelle, le quartier de Ciqikou ("confluent des ustensiles en céramique") remonte à cette époque lointaine, son bâtiment le plus ancien étant aujourd'hui un temple construit sous la dynastie des Ming. Peu après la mise en place du nouvel Etat (1949, prise du pouvoir par le Parti communiste sous la conduite de Mao Zedong), toutes les régions de l'Ouest et du Sud-Ouest, considérées comme stratégiques, furent placées sous la supervision de Deng Xiaoping. Originaire de la province du Sichuan (capitale Chengdu, et dans laquelle se situe Chongqing), on reconnaît à ce personnalité d'avoir pris le grand tournant qui permit à la Chine de dépasser les décennies de faillite économique de la période de Mao. C'est surtout à partir de Chongqing qu'il conduisit son action en faveur de sa province natale.

En 1985, Chongqing obtint pour la deuxième fois le statut de municipalité autonome, rejoignant le groupe très restreint des villes relevant directement de l'autorité centrale à Beijing (Pékin) : Beijing, Shanghai, Tianjin, Chongqing. Dans la décennie suivante, la population de Chongqing passa de 8 à 14 millions, entraînant sa réorganisation en 3 circonscriptions et 7 arrondissements. L'extension de Chongqing reflétait la croissance économique de l'ensemble du pays.

En 1997, la ville avait pris une telle extension qu'il fallut revoir son schéma d'ensemble. Le représentant du parti unique au Sichuan fit valoir à l'autorité centrale qu'il lui était plus facile -et plus rapide- d'aller de Chongqing au Japon, en Corée ou même en Thaïlande, que d'effectuer un déplacement d'une extrémité à l'autre de la province. En 1997 eut lieu la 3ème adaptation moderne du statut de Chongqing : des villes voisines comme Funing lui furent adjointes, portant  à 30 millions la population de la conurbation, et il fallut créer 40 arrondissements pour qu'elle restât gérable.

Aujourd'hui, Chongqing entame une nouvelle étape, en rapport direct avec les orientations fixées par l'autorité centrale pour l'ensemble de la Chine. Lors du dernier congrès du parti communiste chinois, le Président Hu Jintao a fixé plusieurs priorités à l'ensemble du pays, dont le "co-développement des villes et des campagnes" (chengxiang tongchong, dont la traduction mot à mot veut dire "choyer pareillement la ville et la campagne"). Il n'est pas surprenant que Chongqing et sa région aient été désignées pour conduire cette expérience de grande envergure, et les habitants m'en paraissent d'ailleurs assez fiers. Quels que soient les résultats, les leçons apprises au cours de la mise en oeuvre de cette politique vaudront pour l'ensemble de la Chine.

En qualité de "zone expérimentale", Chongqing et sa région devront relever des défis de grande ampleur : l'amélioration des transports non seulement dans sa composante urbaine, mais tout autant entre ville, banlieues et campagnes, la priorité devant être accordée à relier, depuis le centre-ville, une ceinture dont aucun point ne se situerait à plus d'une heure de transport ; la création d'un "cercle économique" autour de la ville, avec une diversité d'activités susceptibles de fournir des emplois à différents niveaux de qualification ; le tout sera mené tambour battant, afin de respecter l'échéancier fixé, à savoir une conurbation en état de marche vers 2020, avec une population probable de l'ordre de 35 millions (à titre de comparaison, l'actuelle province de Sichuan, sans compter la municipalité de Chongqing, a une population d'environ 93 millions). Au-delà de ces chiffres frappants, les défis ont un contenu très concret : comment fournir en quantité et en qualité suffisantes l'eau, le recyclage des ordures, les sources énergétiques, l'hygiène publique, l'éducation, la formation professionnelle, un système de protection sociale et d'assurance vieillesse, dans un pays qui en est encore si dépourvu ?

Chongqing n'est évidemment pas la seule conurbation où sont conduites des expériences à grande échelle et qui, toutes, visent à maîtriser les flux migratoires, à créer des emplois, à concilier les villes et les campagnes. Si vous connaissez personnellement des exemples de même ampleur ailleurs qu'en Chine, et si vous souhaitez faire part de votre réflexion à ce sujet, donnez votre avis en cliquant sur "laisser un commentaire" (ci-dessous, après la traduction en anglais du présent article). Ou retour à la page d'accueil de Serenidee.

 

Chongqing, a world city?


Let's come back to some thoughts on global trends
. In a previous article I had underlined the extent to which
 the urban phenomenon is one of the major facts of our times. I had taken Shanghai as a case study, but the same observations can be made elsewhere, notwithstanding local variations: in Cairo as in Mexico, in Guangdong as in Kalkota, the growing density of human settlements carries with it, in most cases, a worsening of living conditions in that city, accrued pollution of all sorts, a weakening of the ecosystem, while the municipal authorities find it harder to provide the infrastructure and the services commensurate with the vast changes their cities are undergoing. Among today's large cities, I wondered which possessed all of the traits of the vast change which will, in one way or another, determine the living conditions of our children and grandchildren. And what would be the criteria in choosing such cities: demography, administrative complexity, quality or lack of infrastructures, the existence or absence of a long-term development plan?

Chongqing (Chungking in the Wade-Giles transcription, Tchong-king in the French transcription) is one of these big cities where most of the challenges of the 21st century are already taking shape. More than merely a city, it is a conurbation where, under the pressure of ever greater crowding, but also of the constant expansion of the urban area, it became necessary on several occasions to adapt the administrative organisation to the new reality brought about by its metamorphosis.

It would not make much sense to try and fit into a few lines an urban history of more than two thousand years. At the place where Jialing river merges with the Yangzi, the fourth greatest river in the world, potters and merchants, farmers and boatmen established their homes long ago. Today's surburb of Ciqikou ("the corner for ceramic utensils") dates back to that initial period, and the oldest building still standing is a temple built during the Ming Dynasty. Shortly after the new Chinese state was set up (1949, when power was assumed by the Communist Party under the leadership of Mao Zedong), all the regions in the west and south-west of China were placed under the supervision of Deng Xiaoping. A native of Sichuan Province (with Chengdu as its capital, and in which Chongqing is located), this political figure is credited with the major change in policy which allowed China to grow out of its decades of economic failure under Mao. It was mostly from Chongqing that he undertook the improvement of his native province.

In 1985 Chongqing obtained for the second time in modern history the status of an autonomous municipality, thus joining the select group which came under the direct supervision of central authority in Beijing (Peking): Beijing, Shanghai, Tianjin, Chongqing. In the ensuing decade, the population of Chongqing grew from 8 to 14 million, which entailed its reorganization into 3 districts and 7 wards. The extension of Chongqing reflected the economic growth of China as a whole.

By 1997 the city had grown to such an extent that it became necessary to reconsider the way it was organized. The representative in Sichuan of the single ruling party submitted to central authority his view that it was easier for him -and faster- to go from Chongqing to Japan, Korea or even Thailand, than it was to move from one end to the other of the same province.  In 1997, the status of Chongqing underwent its 3rd adaptation in modern times: neighbouring towns such as Funing were included, raising the population of the conurbation to 30 million, and 40 wards were set up to ensure that it remained manageable.

Today, Chongqing is entering a new phase, directly linked to the guidelines set out by central government for the whole of China. In the course of the most recent congress of the Chinese Communist Party, President Hu Jintao assigned a set of national priorites, among which the "co-development of the cities and the countryside" (chengxiang tongchong, a word-by-word translation of which would be "to nurture in the same manner cities and rural areas"). It is not surprising that Chongqing and the region were designated to conduct this large-scale experiment, and the inhabitants seemed to me quite proud about this. Whatever the final outcome, lessons learned in the process of implementing this policy will be considered relevant to China as a whole.

As an "experimental zone", Chongqing and the outlying area will have to meet some major challenges: improving means of transport not only in its urban component, but likewise between the city, the suburbs and the countryside, with priority being given to connections between the city centre and a periphery in which every point should be within one hour's reach; creating an "economic ring" auround the city, with a variety of activities capable of providing jobs at various levels of qualification; the whole scheme will be implemented at a rapid pace in order to meet the deadline, which is to have the conurbation up and running around 2020, with a likely population of the order of 35 million (for the sake of comparison, today Sichuan province, excluding Chongqing municipality, has a population of about 93 million). Beyond these striking figures, the challenges are very real: how to provide in sufficient quantity and quality the water resources needed, the energy sources, the recycling of waste, public health, education, training, a system of social protection and of old-age pensions, in a country where they are not commonly available?

Of course, Chongqing is not the only conurbation where large-scale experiments are under way; in some other cities around the world, the aim is to gain a better control of migration patterns, to create jobs, to bring about a reconciliation between cities and rural areas. If you have some personal knowledge of other significant examples outside of China, and if you wish to leave your comments, please click below, "laisser votre commentaire". Or return to Serenidee homepage.

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24 juin 2007 7 24 /06 /juin /2007 21:34

Huit mois après avoir commencé ce blog, je suis tenté de faire un bilan, et d'en tirer des leçons pour l'avenir.

Ce qui me frappe avant tout, c'est la diversité des personnes rencontrées grâce à ce mode d'échange. S'il est vrai qu'on croise une proportion élevée de spécialistes de la téléphonie, des médias électroniques ou de la communication, j'ai également été en contact avec un étudiant luxembourgeois, un ingénieur chinois, une mère de famille en Indonésie ou un candidat à une fonction élective locale en France. J'apprécie également d'avoir pu dépasser la césure des générations, et d'avoir un échange avec des personnes ayant une expérience fort différente de la mienne. Lorsqu'on évoque l'internet et les blogs, on pense avant tout au caractère instantané du contact, à la facilité que procure la technologie. On peut ajouter à cela le fait que, comme le téléphone portable, l'internet permet une certaine distanciation, qui à son tour confère une plus grande décontraction à la communication qui s'établit par ce canal. 

Blogger amène aussi à se poser des questions sémantiques. Pour nombre de mes consoeurs et confrères de la blogosphère, c'est avant tout un moyen de communiquer instantanément, et au fond peu importe l'écriture elle-même, le niveau de langage, la syntaxe, le phrasé. Pour moi, par contre, tenir un blog demeure un exercice d'écriture, mais cette astreinte ne diminue pas le plaisir de rencontrer autrui, bien au contraire. Je constate que le style apparaît alors comme un filtre, une sorte de tri de première instance : peut-être à tort, mais cela me conduit à me détourner, d'emblée, de certains sites où un langage de type publicitaire cache (mal) une certaine vacuité. Au fond, une question se pose : "écrit"-t-on un blog comme un journaliste ou un chroniquer qui tient son stylo, est-ce qu'on "tape" ou "dactylographie" le texte comme naguère sur leur machine "à écrire" ? Faut-il admettre au contraire que le verbe "blogger" contient tout à la fois le procédé d'inscription (clavier), l'idée qu'il traduit (transmettre un message, communiquer une idée ou un sentiment), et le style choisi pour le faire ? Et le fait de "mettre en ligne" un article ou un billet correspond-t-il la même démarche que pour le "publier" ? Quant au mode de diffusion, deux grandes nouveautés imposent leur loi : le lien direct entre celui qui écrit et ses lecteurs (par l'absence d'intermédiaire, de correcteur, d'éditeur), et l'accès potentiel à un public qui n'est absolument pas pré-défini. Par exemple, en "téléversant" un texte, des images ou des sons d'un support électronique vers l'autre, le bloggeur peut être auteur, scribe, éditeur ou diffuseur.

Lors de notre rencontre de bloggeurs à Metz, le 16 juin dernier, j'avais émis l'idée que, passée la période initiale de fascination engendrée par la facilité technique et le caractère instantané du blog, la question du contenu se posererait tôt ou tard. Je fondais mon analyse sur l'analogie offerte par l'évolution de la télévision : de la même façon que l'accroissement du nombre de chaînes avait entraîné une certaine spécialisation, tout en révélant la médiocrité de tant de programmes, je m'étais demandé si nous ne nous dirigions pas vers une évolution similaire de la blogosphère. Plusieurs participants à cette rencontre m'ont apporté leur interprétation, fondée sur une expérience bien plus riche que la miennee : le phénomène du blog a pris une telle extension, et s'est répandue si largement dans la société, qu'une certaine auto-régulation allait se mettre en place progressivement. D'après eux, la blogosphère était plus exigeante qu'on ne pouvait l'imaginer, car quiconque met en ligne une information qui se révèle fausse, ou un jugement mal étayé, perd très vite sa crédibilité. Ils ont aussi fait valoir que la diversité même de la blogosphère, reflet de toutes les préoccupations et de tous les goûts, laisse à chacun un espace suffisant de liberté pour échapper au sujet unique, à la dictature du goût. Tout en réfléchissant à ces avis, pour l'instant je ne suis pas convaincu de leur entière validité. Comme cela s'est vu dans le journalisme, dans l'édition ou dans les médias électroniques, l'autorégulation par les seules lois du marché nous laisse sur les bras une proportion inacceptable de produits inutiles et vides de sens. Il me semble donc que nous aurions intérêt à réfléchir à certains mécanismes non pas de censure, certes, mais d'approbation "peer to peer" (entre égaux), une sorte d'estampille de qualité. Il me semble que c'est un véritable enjeu, et je serais curieux de savoir ce qu'en pensent d'autres bloggeurs.

Si vous souhaitez donner votre avis, veuillez cliquer ci-dessous, sur "ajouter un commentaire". Ou retour à la page d'accueil de Serenidee.

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